Ruines du village de FurthIls arrivaient en vu du village suivant, qui à son aspect, était richement équipé…en ruines.
Cette tristement célèbre « compagnie noire » ne laissait-elle que des ruines sur son passage…
Ici nul âme humaine à l’horizon. En y réfléchissant, ils se demandaient comment le premier village s’en était tiré…et comprenaient aussi sa méfiance et son hostilité !
Ils continuaient à parcourir le chemin central qui traversait le village, évitant ça et là quelques décombres. Lorsque soudain, jaillit face à eux tel un pantin désarticulé, un vieux dément emmailloté dans des lambeaux de ce qui avait jadis dû être, une sorte de longue pèlerine brune à capuche, à présent toute mitée et très sales. Il brandit sa canne de bois aux torsades étranges, en braillant des propos incohérents. Ses trop grandes manches laissaient paraître des mains aux longs doigts noueux, sombres et abîmés… S’avançant vers eux en claudicant grandement, comme si ses jambes n’avaient pas la même longueur, il laissa découvrir quelques contours ombragées de son visage, qu’il dissimulait sous sa capuche…
Tous eurent premièrement un mouvement de recul. Puis Eldrr Siiarrk se risqua à lui demander s’ils étaient bien sur la bonne route en direction d’Arnestil…
« OOOoooooooooooo étrangers venus d’ailleurs… Paix, paix … Grandement paix sur vous… Noble équipage….Aaaaaaaahhh !!! Non ! NON ! Couvrez-vous, le ciel est en colère….il fait tomber du feu…Il a des bras d’hommes ! Non un visage d’animal…il est petit si inoffensif….LE MONSTRE !!! Ne vous laissez pas attendrir mes seigneurs…….. Fuyez !!! »
Il gesticulait en tout sens, se servant de sa canne comme d’un prolongement de son bras pour exprimer plus fort ses propos et sa folie !
Il criait, hurlait de plus en plus fort en s’agitant avec des phrases inintelligibles ! Des mots reconnus fusaient ça et là.
Les enfants et les animaux ne savaient que penser, que dire, ni comment réagir… Ils restaient immobiles, les yeux grands ouverts, à l’observer avec quelques soubresauts selon ses propos et avancées vers eux trop brusques !
« Viktorane, Viktorane, ne reste pas là ! Cache-toi ! NON !!! Il faut se défendre, se battre, protéger….abandonner…NON…LAAACHESSSSS…VIKTORANE…Viktorane…toujours là…AAAAaaaaahhhh…Partez, PARTEZ !!! »
Il fit mine de se rapprocher encore d’eux, et retira sa capuche laissant découvrir sous celle-ci non pas une vieille pomme flétrie par le temps mais un visage à la peau grandement brûlée… Défiguré, ravagé par le feu, qu’il était !
Il lui restait de grosses mèches de couleur incertaine, plutôt grisâtres, formant des paquets compacts sur un crâne clairsemé par les flammes… Lui donnant l’aspect d’une vieille sorcière de contes.
Les enfants furent horrifiés par cette sa vision.
« FUYEZ » Hurla-t-il en levant les bras au ciel et les menaçant de son étrange sceptre de vieillard !
L’enfant silencieux ayant plongé son regard dans le sien depuis le début, avec une absence totale de crainte, s’avança vers l’homme d’un calme résolu. Le vieillard bondit simultanément d’avant en arrière… par intermittence.
Eldrr et les petits, surpris, ne réagirent pas immédiatement mais ce demandèrent ce qu’il avait en tête ! C’est alors qu’Eldrr Siiarrk s’avança pour récupérer l’enfant près de lui, jugeant que sa sécurité pouvait être menacée par le caractère imprévisible de cet énergumène.
Mais il ne fut pas assez prompte dans son action. L’homme se saisit de l’enfant qu’il plaqua fermement contre lui face aux autres, comme un brigand menacerait ses poursuivants d’un otage ! Il avait saisit l’enfant à la gorge. Celui-ci ne broncha pas. Son regard perdu dans le lointain, invariablement ! C’est alors qu’il posa sa petite main blême sur celle du grand brûlé. Un instant le temps parut s’arrêter pour tout le monde…Puis, le « ravisseur » s’éloigna brusquement, relâchant son emprise, et dévisagea intensément l’enfant qui ne laissa pas faiblir son regard malgré son teint cadavérique inquiétant… Il n’y avait plus ni colère ni peur dans aucun des regards…mais une profonde tristesse mêlée d’incompréhension des deux côtés. Impassible, l’enfant le considéra toujours attentivement, ne laissant paraître nulle émotion. L’homme, de toute évidence ébranlé, se regarda les mains…releva les yeux vers le petit, recula…Et disparut en criant, dans les décombres alentours, à la stupeur de chacun !
Kéry et Kéïssa s’interrogèrent du regard… Mais que venait-il donc de se passer ?!… Mystère !
Eldrr rejoignit le petit et lui posa un main affectueuse sur l’épaule. Il se retourna, et plongeant son attention sur ce grand gars, s’abandonna alors au néant qui l’aspirait à nouveau. Il s’écroula, retenu avant de toucher terre.
Cela faisait déjà quelques heures qu’ils s’étaient arrêtés à l’abri des ruines du village de Hitre, attendant que le petit garçon mystérieux, reprenne des forces et ressorte de sa léthargie chronique. Veillant sur son repos, la petite troupe s’interrogeait sur son identité… Et sur la présence, dissimulée, en ces lieux, du non moins étrange vieillard fou !
Il s’éveilla à nouveau. Eldrr lui demanda s’il le comprenait. Il ne répondit rien. Siiarrk lui proposa un prénom. Il ne réagit pas.
C’était décidé, se serait Déimnys, en attendant d’en savoir davantage !
L'ado patienterait encore quelques instants que l'enfnat retrouve ses repères, et ils reprendraient la route pour Arnestil en suivant la grande route qui les mènerait jusqu’à l’entrée du royaume.
"Grande route."