La forêt d'Ewëndan, en dehors du territoire elfique

<<La plaine campagnarde

Arya galopait aux côtés de Néron, le groupe de messagers les encadraient, leur servant de garde. Le jour déclinait rapidement, ils avaient pénétré dans la grande forêt d'Ewëndan depuis une heure tout au plus, mais ils étaient encore loin des frontières du royaume.

Ils passeraient la nuit dans la forêt, si jamais le Comte ordonnait une halte, mais Arya n'en ressentait pas le besoin pour le moment. La nuit à venir ne la dérangerait guère, sa vue perçante d'elfe lui permettait de voir dans le noir presque comme en plein jour. Et puis, la lune du royaume elfique était réputée pour être la plus lumineuse de tout le continent, la forêt ne serait donc pas tout à fait dans les ténèbres.

Ils longeaient la rivière nommée Anorà qui traversait la majorité du territoire elfique. Le son chantant de l'eau ruisselante apaisait le coeur inquiet pour sa reine de l'elfe.

Dans une autre partie de son être résonnaient les paroles du Comte : "Avec vous à mes côtés, mon amie, mon coeur ne peut êstre que léger et pourtant rempli d'une telle passion envers vostre juste personne." A cette pensée, son coeur ne pouvait s'empêcher de battre la chamade.

Arya avait déjà eu des aventures sans véritable lendemain avec d'autres elfes, mais jamais elle n'avait aimé à ce point. Pourtant, elle le connaissait à peine... Seul un souvenir d'elferine la reliait à lui. Arya ne comprenait pas comment elle avait pu tomber amoureuse ainsi, sans aucune raison apparente. Peut-être était-ce tout simplement ce que les humains appellent "coup de foudre"... Tout en lui la charmait, seul le désastre de la forêt teintait légèrement l'image qu'elle avait de lui. Il avait un caractère fort, qui semblait être en opposition avec le sien, mais qui cachait une certaine sensibilité au plus profond de lui-même. A cette pensée, un petit sourire en coin naquit sur son visage.

L'image de la reine Lalwende, mourante, lui revint, et sa respiration s'acéléra brutalement lorsqu'elle pensa à ce qui pourrait arriver : que sa très chère reine meurt. Elle ne voulait pas la perdre... Pourquoi tous les gens qui étaient chers à son coeur devraient-ils mourir, alorsqu'ils étaient de race elfique, immortels ? Non, la reine ne devait pas partir dans l'au-delà, elle devait se battre, et Arya ferait tout pour l'aider.

Le Comte galopait à vive allure aux côtés d'Arya. Son regard portait loin vers l'horizon, une seule idée en tête : être le plus rapidement possible auprès de la Reine Lalwende.

La forêt elfique était si belle et il repensa à son acte terrible sur la forêt des rebelles. Il serra de ses poings les rennes de son destrier et eut soudain une idée. Il vit la rivière et leva la main pour annoncer une halte.

Ola ! nous faisons une courte halte afin de faire boire nos chevaux.

Néron descendit de sa monture et s'approcha de celle d'Arya. Il lui tendit la maon pour l'aider à mettre pied à terre.

Ma chère.. "ma bien aimée" rajouta t-il par la pensée, j'ai besoin de vous parler quelques minutes. Je crois avoir une solution au sujet de la forêt incendiée...

Il plongea ses yeux noirs dans les siens et on pouvait y voir la lueur d'une passion vive et embrasée.

Arya sortit de ses pensées, et s'aida de la main du Comte pour mettre pied à terre - bien que cette aide ne lui soit pas indispensable.
Le soir tombant apportait la fraicheur,, et l'elfe se surprit à frissonner légèrement au niveau de ses jambes découvertes. D'habitude, elle parcourait ce chemin en courant, ce qui la réchauffait à la tombée de la nuit. Néanmoins, elle s'habitua au froid apparent dans les quelques minutes qui suivirent, et ses légers frissons disparurent.
Elle tendit distraitement les rennes de sa monture à l'un des gardes pour qu'il l'emmène boire à la rivière.
Le Comte éveilla sa curiosité en parlant d'une solution au feu de la forêt. Pour elle, il n'y avait plus rien à faire, tous les animaux étaient morts, asphyxiés, et les arbres avaient brulé. D'un pas lent, ils s'éloignèrent du bord de la rivière, à quelques dizaines de mètres des autres elfes.

Arya le regardait avec la même intensité, quoique son esprit songeait encore vaguement à l'horreur qui s'était produite sous ses yeux.

"Je vous écoute, Néron... Je dois avouer que je n'ai aucune idée qui puisse remédier à cette tragédie." Dit-elle gravement, mais non sans montrer son intérêt pour sa réponse.

Néron emmena Arya faire quelques pas le long de la rivière. La nuit s'annonçait belle et la Lune était magnifique. D'une voix calme et mélodieuse, Néron s'expliqua :

Et bien.. lorsque je fus enfant, mes parents me racontaient l'histoire d'un vieil Elfe herboriste. Un elfe qui détiendrait des secrets sur la nature que nul ne connaitrait. Des rumeurs disent qu'il habiterait dans la forêt d'Erivan et qu'il y aurait fait pousser des arbres à une allure folle, dix fois la vitesse normale... si ce n'est plus. Pourquoi ne point partir à sa recherche après avoir vu ma chère mère ?

Ils s'arrêtèrent sous un grand arbre dont les branches étaient ornées d'inombrables fleurs blanches.. Le comte se mit à sourire et n'avait qu'une envie : donner un doux baiser à celle qui faisait battre son coeur.

Il ajouta d'une voix plus douce :

Et puis la forêt se repeuplera vite je ne me fais aucun soucis à cela. J'y mettrais tout mon coeur pour réparer mon erreur honteuse.

Arya était ravie que Comte veuille réparer son erreur, et son idée lui semblait bonne. Elle avait déjà entendu parler de cette histoire à plusieurs reprises, sans jamais y prêter plus d'attention, pensant qu'il s'agissait seulement de rumeur de la cours du château d'Erivan. A l'idée que la forêt, qui était innocente dans la guerre contre les vifiers rebelles, retouve son aspect d'origine, un sourire franc qui illuminait tant son visage apparut.

"Je crois que c'est ce que nous ferons, nous partirons à sa recherche, bien que je n'ai pas la moindre idée de l'endroit où il pourrait se trouver." Dit-elle , le cœur plus léger.

La lune lumineuse se reflétait dans ses beaux yeux gris, et Arya avait l'impression d'être seule au monde avec Néron. Dans un murmure, elle reprit :

"A vrai dire, je suis heureuse que vous vous souciez du sort de la forêt, et que vous vouliez faire en sorte de lui redonner vie... Et pas seulement parce que la forêt est pour moi tel un sanctuaire, mais aussi parce que je ne veux pas que l'image que j'ai de vous change..."

Les deux elfes se tenaient l'un en face de l'autre, proches, et la nuit qui était à présent tombée totalement les isolaient du reste du monde. A ce moment-là, la troupe de gardes et leur montures leur semblaient inexistantes.

Je suis sûr de pouvoir redonner une belle vie à cette forêt. Faistes-moi confiance...

Néron s'approcha un peu plus près d'Arya. Leurs corps se frôlaient presque... Il ne cessa de la regarder et son coeur chantait tout son amour.

"Ma douce amie... vostre présence provoque une tempête en moi. Vous me faistes chavirer... moi, un elfe ayant les pieds sur terre. Pour la première fois de ma vie je goûte à la liberté d'un voyage dans les nuages... vous me donnez un sentiment d'une telle légèreté que mon nouveau Royaume pourrait s'appeler Iranis... j'ai le désir fou de goûter aux délices de vos lèvres" lui dit-il par la pensée.

Il approcha lentement son visage vers celui d'Arya et ses lèvres étaient à quelques centimètres de celles de la belle Elfe..

Le cœur d'Arya lui semblait devenu un seul et même son continu, tant il battait vite. Ils étaient si près ! Elle pouvait sentir son odeur qui l'apaisait. A ses paroles, ses joues rosirent malgré elle, mais dans la nuit, cela passait inaperçu. Sans cesser de le regarder, les yeux pleins d'amour, elle lui répondit simplement par pensée :

"Et bien, goûtez-les..."

Leur visages étaient tout proche, leurs lèvres à quelques centimètres. Lentement, Arya approcha les siennes de celle du Comte, et leurs lèvres se scellèrent...

Depuis tout le temps où il en rêvait, ce fut ce moment, ce divin moment sous cette nuit si belle et ce lieu magique, où leur amour prenait véritablement forme.

Le Comte serra contre lui Arya et l'embrassa avec passion et tendresse. Son caractère droit et sévère avait laissé place, à ces instants, à son côté romantique et tendre.
Il voulait que le temps s'arrête, ne plus quitter les lèvres de son aimée.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, le sourire d'un ètre heureux et comblé se marqua sur son visage. Son regard noir reflètait une lueur éclatante, une lueur d'amour et de passion. D'un ton ému il déclara :

J'attendais ce moment depuis temps de décennies... je.. je vous...

Il s'arrêta au moment où il voulait lui dire à quel point il l'aimait. Jamais il n'avait parlé avec tant de sincèrité et de passion. Il se contenta de se redresser et de la regarder... elle était si belle..

Le temps s'était arrêté pour ne faire place qu'à un intense moment de bonheur, comme Arya n'en avait jamais connu auparavant.

Lorsque leur baiser prit fin au bout d'un temps indéfini - peut-être était-ce plusieurs minutes, ou bien n'était-ce que quelques secondes ? Arya n'aurait su le dire - l'elfe garda les yeux fermés encore quelques secondes, profitant jusqu'au bout de ce moment magique.

Quand elle ouvrit les yeux, le bonheur se lisait dans ses yeux, comme dans un livre ouvert. Jamais ils n'avaient paru aussi lumineux, jamais l'elfe n'avait semblé aussi belle qu'à cet instant.

Elle constata avec plaisir que les yeux sombres de Néron brillaient également, et qu'il lui paraissait encore plus séduisant que d'habitude. Arya savait ce que le Comte avait voulu lui dire, et elle aurait tellement aimé qu'il termine sa phrase !

"Je l'attendais également... Néron... Je crois que je n'ai jamais ressenti ça pour personne auparavant..." Dit-elle dans un murmure.

L'elfe était émue, et nageait dans une euphorie indescriptible. Elle le regardait, il la regardait, et elle retrouvait alors la même sensation qu'elle avait éprouvée plus jeune, lorsqu'elle sentait ses yeux se poser sur elle.

Néron lui tendit le bras afin qu'elle le raccompagne pour rejoindre leurs montures.

Nous devons reprendre la route mon aimée. Une fois à Erivan nous aurons l'éternité devant nous.

Il lui fit son plus beau sourire, séduisant.
Tout en marchant, avec un air davantage fier en compagnie de la plus belle des femmes, il lui murmura tout bas..

Je vous aime..

Les cavaliers étaient à quelques pas d'eux et les attendaient.

Arya prit son bras, et, d'une démarche sûre, elle marcha en direction des chevaux. Elle approuva d'un signe de tête à ses mots. Ils devaient aller vite, à présent, le repos, si il y avait besoin, attendrait.
Lorsque Néron lui sourit, Arya crut sentir son coeur fondre. C'est alors que Néron lui murmura les mots qu'elle attendait, les mots qui lui semblaient être les plus beaux du monde. Avec un grand sourire, elle lui répondit par la pensée :

"Moi aussi Néron, je vous aime..."

Quand ils arrivèrent devant leur monture et les autres cavaliers, elle lui lacha le bras avec un regard complice, et monta sur son destrier, prête à repartir.

Le Chambellan croisa le regard de Néron et comprit dès l'instant. Un sourire en coin s'afficha sur le visage du grand Chambellan.
Le Comte monta sur sa monture et s'approcha de lui.

Surtout pas un mot Faëlendïl... et à partir de maintenant traite notre amie Haute Elfe telle une Comtesse...

- Princesse Mon Seigneur.. comme une princesse..

Bien.Nous nous sommes compris. Ne perdons plus de temps ordonne le départ.

Le Chambellan salua respectueusement le Comte et prit la tête du cortège qui reprit la route.
Néron se mit aux côtés d'Arya et lui fit un clin d'oeil complice.

"Si nous n'étions point si pressés, mes lèvres vous réclameraient une fois encore à ces instants "

Il se mit à rire puis élanca sa monture.

Arya entendit la conversation entre le Comte et le Chambellan. Traîtée comme une princesse, elle ? Cette pensée lui semblait tellement... absurde inimaginable. Pour elle, de toute manière, ces titres l'attrayait pas particulièrement. Mais lorsqu'elle entendit ces mots, elle ne pu s'empêcher de hausser un sourcil pendant quelques secondes.
Avec un soupçon de curiosité, elle se demanda qui était ce Faëlendïl.

Aux dernières paroles du Comte, elle laissa également échapper un rire avant de talonner sa monture. Dans un fracas de sabots, le cortège s'ébranla.

------------------------

Cela faisait à présent quatre heures supplémentaires qu'ils chevauchaient à travers la forêt, et les limites du royaume se faisaient à présent toutes proches.

Un silence très relatif régnait autour de la troupe. On pouvait entendre toutes sortes d'animaux nocturnes qui se déplaçaient dans les environs. Plus on s'approchait d'Ewëndan, moins les animaux étaient farouches, ayant confiance en les elfes, peuple respectueux de la nature.

Puis, soudain, la frontière du royaume des elfes leur apparut, sous l'apparence d'une grande muraille d'arbres si hauts et si serrés entre eux qu'aucune personne n'avait la moindre petite chance de passer.

Le royaume d'Ewëndan

» Langage elfique (quelques trucs)